Le soudard Saintongeais
Le Soudard Saintongeais
1
O m’venit in coumandement
De partir pour la guerre,
Vaurait p’r mai, que l’diciriant
Mieux qu’labourer la terre
Ol’ était deux grands éveinyés
Qui vouliant tous nous emmener.
2
Le mettiriant su mon fessier
Ine grande gibecière
Et de la graine de navet
dedans une écritouère,
Sus moun épale in boué crugé
Un’ grande broche à mon coté.
3
Y’en avait qu’étiant à ch’vau
Et qui fasiant zeux maites ;
I z’aviant des piumes de jau
Tout autour de z’eux têtes ;
I z’aviant ben à z’eux talons
Au moins cent pointes d’agu-ion .
4
I battiant su d’aux thiuls d’ boissiâ
Avecque d’aux baguettes ;
O me fasit ressouvenâ
Des fusias de Jeannette !
Fallit quand fasiant tout thiau bruit
Qu’i prenit mon sac et séghit .
5
I m’éttiriant en faction
Par dar in’ citadelle,
Thiélés qui saviant pas mon nom
M’appeliant sentinelle .
« Hé ! Sentinelle , dormons nous ? »
« Nanni, monmaite, i pense à vous ! »
6
J’entendis queuq’ chous’ qui siffiait
Autour de mes ourailles ;
Vite i trechis dans mon bounnet
Creyiais qu’o l’était l’diabieu*
I jétis dare mon fousil
Prenis ma course et m’enfouyis.
7
Et quand ma mére me voyit
En tout thiel équipage :
D’our d’ vès tu , cher feil , qu’a m’dicit
Aveuc tout thieu bagage ?
Ma bounne mère , i seus soudard
I n’en seus sauvé- t-à l’hasard !
Suivant une version transmise par l’Abbé Noguès (Jules). L’influence de la graphie du Francais y est bien visible ( par ex : thiuls d’ boissiâ , le L de cul est maintenu ), ce qui est sans importance pour notre oralité . Le vocabulaire semble avoir subi, lui, des coupes sombres et les mots patois sont évincés par le français : Guerre , mieux , terre , tous , navet , tête , talons , baguette , bruit , sac …… Il faut bien noter que, des 37 chansons « recueillies et transmises » par L’abbé Noguès , bien peu sont en patois . Personnellement , j’ai bien du mal à y voir un témoignage significatif de la culture saintongeaise autour des années 1850 et dit à l’époque » les chansons d’autrefois en Saintonge & Aunis «
Diabieu* Il est révélateur de constater que cette chanson qui est reprise dans l’excellent ouvrage « Le carré magique de la vie saintongeaise » de Remy Tessonneau (Rupella 1981) utilise la forme « diablle » en croyant bon d’ expliquer : Mouillez les deux LL et prononcez diabieu, cette ortographe fait autorité en Poitou !! Le dicta des intellectuels Poitevins , déjà !!! Mais pourquoi l’ortographe d.i.a.b.i.e.u ne ferait elle pas autorité pour un mot prononcé diabieu en Saintonge !?
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.